Artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI)

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L'artériopathie oblitérante, ou artérite, des membres inférieurs (AOMI) est une affection vasculaire fréquente qui touche la partie inférieure du corps. Elle évolue progressivement vers des formes sévères si des mesures curatives ne sont pas prises rapidement.

Qu'est-ce que l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) ?

Le sigle AOMI désigne une affection, l'Artériopathie Oblitérante des Membres Inférieurs, également appelée artérite des jambes. Elle survient lorsque les artères qui irriguent la jambe sont rétrécies, voire obstruées.

Elle concernerait environ 5 % des individus de 50 ans, et sa fréquence augmente avec l’âge pour atteindre 20 % après 80 ans dans des pays à forts revenus. Elle se rencontre plus fréquemment chez l'homme que chez la femme.

Causes

La diminution du diamètre de ces vaisseaux sanguins est due à la formation de plaques d'athérome, composées principalement de lipides. Lorsque celles-ci s'épaississent, le sang ne peut plus circuler correctement. Les tissus environnants sont alors mal oxygénés, ce qui se traduit par la survenue de différents symptômes. Dans les situations les plus sévères, un caillot de sang peut complètement stopper la circulation sanguine.

Différents facteurs conduisent à la survenue de l'athérosclérose : un excès de cholestérol sanguin (hypercholestérolémie), une hypertension, le diabète (responsable chaque année de 8 000 hospitalisations pour artériopathie oblitérante des membres inférieurs), l'excès de poids, le manque d'activité physique, le tabagisme, le terrain familial...

Symptômes

Dans un premier temps, la maladie reste discrète et aucun symptôme ne se manifeste. La situation évolue ensuite :

  • Apparaissent progressivement des douleurs dans les muscles des jambes, ressenties dans un premier temps uniquement lors de la marche : on parle de claudication intermittente. Elles se manifestent souvent sous la forme d'une crampe au mollet, qui cesse au repos.
  • Ces douleurs se manifestent ensuite même au repos, et plus particulièrement en position allongée, la nuit. À l'horizontale, l'alimentation des pieds en sang est effectivement plus compliquée, et de vives douleurs se font ressentir au niveau des orteils.
  • Si aucun traitement n'a été entrepris, la maladie atteint son dernier stade d'évolution. Les tissus, asphyxiés, meurent : c'est la gangrène. L'extrémité des pieds est la partie la plus exposée. Un ulcère, c'est-à-dire une plaie qui ne parvient pas à guérir, peut également apparaître.

En cas d'ischémie aiguë, une douleur vive apparaît de façon très brutale au niveau de la jambe ; elle est provoquée par l'interruption brutale du flot sanguin et doit être traitée en urgence.

Bon à savoir : l'AOMI peut être responsable de troubles de l'érection chez l'homme, lorsqu'elle atteint les artères iliaques et l'aorte abdominale.

Toutefois, près de 50 % des patients sont asymptomatiques au cours du premier stade clinique.

Diagnostic

Pour détecter l'existence de l'artériopathie oblitérante des membres inférieurs, le médecin va déterminer l’indice de pression systolique, c'est-à-dire le rapport entre la pression sanguine au niveau du poignet et celle de la cheville.

Lorsqu'il est inférieur à 0,9, cela signifie que le sang circule mal au niveau des membres inférieurs : l'AOMI est ainsi mise en évidence. Cet examen est très utile, car il permet de détecter l'affection de façon précoce, avant ses premières manifestations.

L’écho-Doppler peut venir compléter le bilan et la distance maximale de marche permet d’évaluer le retentissement fonctionnel de l’AOMI ainsi que l’évolution après entraînement à la marche et/ou revascularisation.

À noter que l'AOMI est sous-diagnostiquée chez la femme car les symptômes sont plus souvent atypiques. C'est pour cette raison qu'un score de prédiction du risque d’AOMI chez la femme a été établi afin d’en améliorer le dépistage et donc la prise en charge précoce. Celui-ci intègre l’âge, l’IMC, l’hypertension artérielle, le diabète, le tabagisme, la prise de contraceptifs oraux et la parité (nombre de grossesses).

Prévention et traitement de l'artérite des membres inférieurs

Réduction des facteurs de risques

En cas d'AOMI, les premières mesures à prendre sont liées à l'hygiène de vie ; il est ainsi indiqué :

  • d'arrêter de fumer ;
  • de pratiquer une activité physique, la plus indiquée étant la marche, une demi-heure au minimum chaque jour ;
  • de lutter contre le surpoids en suivant notamment un régime alimentaire équilibré ;
  • de prendre en charge les troubles qui favorisent son développement : maîtriser le diabète, l'hypertension ou l'excès de cholestérol par un traitement adapté ;
  • d'observer les recommandations concernant le port des chaussures thérapeutiques dans le cadre de la cicatrisation d'un ulcère de pied diabétique (seuls 55 % des patients les suivent encore correctement au bout d'un an et on observe un risque de récidive de 50 à 70 % à 5 ans).

Bon à savoir : selon une étude, chez les patients ayant eu une artériopathie des membres inférieurs, le yoga permettrait une reprise plus rapide des activités, un meilleur état de santé et moins de réhospitalisations pour cause cardiovasculaire qu'une réadaptation cardiaque classique.

Prise de médicaments

Le médecin prescrit un traitement médicamenteux pour restaurer la santé cardio-vasculaire de son patient. Les molécules utilisées sont :

  • des anti-agrégants plaquettaires, comme l'aspirine, destinés à fluidifier le sang et empêcher la formation de caillots, mais seulement en cas d’AOMI symptomatique ;
  • des vasodilatateurs comme le naftidrofuryl (Praxilène®)* ;
  • des statines, pour abaisser le taux de cholestérol(tout patient AOMI relève d’un traitement par statine avec pour objectif un taux de LDL-cholestérol <0,55 g/L selon les dernières recommandations ;
  • des inhibiteurs du système rénine-angiotensine pour contrôler la tension artérielle (préconisés chez tous les patients AOMI selon les recommandations américaines ou seulement en cas d’hypertension selon les recommandations européennes).

Ces médicaments sont parfois associés en bi ou tri-thérapie.

*Ce traitement, autorisé dans la claudication intermittente ischémique liée à une AOMI, allonge le périmètre de marche de quelques dizaines de mètres mais expose à des céphalées, des œsophagites, des ulcérations buccales, des troubles cutanés, des lithiases rénales et des atteintes hépatiques parfois graves.

Traitement chirurgical

Le recours à un traitement chirurgical est nécessaire lorsque la maladie atteint un stade d'évolution avancé. Différentes techniques sont utilisées :

  • l'angioplastie, au cours de laquelle un ballonnet est inséré dans l'artère pour élargir son diamètre ; elle est parfois couplée à la pose d'un stent, une structure métallique permettant de maintenir cet élargissement ;
  • un pontage artériel, intervention plus lourde que la précédente, qui permet d'éliminer la région rétrécie et d'établir une communication entre les parties saines des artères ;
  • une endartériectomie, qui consiste à retirer la plaque d'athérome en cause.

En cas de gangrène, le recours à l'amputation peut s'avérer indispensable.

Pour aller plus loin :

  • Découvrez le principe de l'angioplastie, et l'intérêt du recours aux stents.
  • Notre article fait le point sur les causes et conséquences de l'athérosclérose.
  • La gangrène est la complication la plus sévère de l'AOMI. Apprenez-en plus sur ce sujet.

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