Le tarse est un ensemble d’os constitutifs du pied (le milieu et l’arrière du pied), qui s’articule d’un côté vers l’avant du pied (métatarse et phalanges) et de l’autre côté vers la jambe par l’articulation de la cheville. C'est une zone du pied qui peut être touchée par différentes pathologies ou traumatismes, qui nécessitent des traitements adaptés pour préserver la fonctionnalité du pied et donc la marche.
Le point dans notre article.
Qu’est-ce que le tarse ?
Le tarse est un ensemble de sept os du pied qui se divise en deux sous-ensembles.
Le tarse postérieur ou arrière-pied se compose :
- du calcanéum, l’os le plus volumineux du tarse ;
- du talus (astragale) qui supporte la totalité du poids du corps qu’il transmet au calcanéum.
Le tarse antérieur ou médio-pied se compose : du scaphoïde (naviculaire) sur le côté interne du pied, du cuboïde, des trois os cunéiformes.
Le tarse et ses os sont impliqués dans quatre grandes articulations du pied :
- l’articulation de la cheville ou articulation tibio-tarsienne, articulation fondamentale pour la marche ;
- l'articulation sous-astragalienne ou sous-talienne qui relie l’astragale au calcaneum ;
- l'articulation de Chopart ou articulation médio-tarsienne qui relie d’une part l’astragale et le scaphoïde et d’autre part le calcanéum et le cuboïde ;
- l’articulation de Lisfranc ou articulation tarso-métatarsienne qui relie les os cunéiformes et le cuboïde aux 5 métatarsiens du métatarse.
Pathologies du tarse
Le tarse est un élément fondamental du pied. Différentes pathologies peuvent affecter le tarse et impacter le fonctionnement du pied :
- des pathologies liées à des anomalies morphologiques du tarse : le calcaneus valgus, les synostoses du tarse, le tarse bossu ;
- des pathologies liées à des traumatismes du tarse : l’arthrose du tarse, le syndrome du sinus du tarse, les ostéochondroses, les entorses du tarse, les fractures du tarse ;
- des pathologies du tarse liées aux tendons ;
- des pathologies neurologiques du tarse.
Pour explorer les lésions du tarse, différents examens sont utilisés par les médecins :
- La radiographie permet une détection rapide et simple des fractures et des dégénérescences du tarse.
- Le scanner met en évidence les lésions osseuses et les calcifications des tissus mous, mais permet également de mieux analyser les fractures complexes.
- L’IRM (imagerie par résonance magnétique) permet de détecter les lésions au niveau des ligaments, des tendons ou de mettre en évidence des anomalies au niveau des liquides articulaires.
- L’arthrographie consiste à injecter un produit de contraste au niveau des articulations, avant un scanner (arthro-scanner) ou une IRM (arthro-IRM) pour mettre en évidence des lésions articulaires, cartilagineuses ou ligamentaires.
Pathologies morphologiques du tarse
Calcaneus valgus
Le tarse peut être affecté par un calcaneus valgus, qui est une bascule interne du calcanéum, très fréquente chez l’enfant. Le calcaneus valgus peut être découvert fortuitement lors d’une visite de contrôle, peut venir des pieds plats ou d'une instabilité du pied provoquant des pseudo-entorses à répétition.
Son traitement varie selon les symptômes qu’il entraîne. Des semelles orthopédiques ou des talonnettes peuvent être prescrites. Des séances de kinésithérapie sont prescrites pour rééduquer les deux pieds.
Synostoses du tarse
Les synostoses du tarse ou barres tarsiennes correspondent à la persistance de ponts osseux entre certains os du tarse, provoquant des anomalies de mobilité entre les os du tarse. Tous les os du tarse peuvent être concernés par les synostoses, même si l’astragale, le calcanéum et le scaphoïde sont les 3 os majoritairement concernés (80 à 90 % des cas).
Les synostoses du tarse sont peu fréquentes et il semble exister une prédisposition génétique aux synostoses. Elles peuvent être :
- isolées ;
- associées à un syndrome de polymalformation (syndrome d’Apert, syndrome de Nievergelt-Pearlman, pied bot, etc.) ;
- consécutives à une infection, à un traumatisme ou à des traitements médicamenteux.
Les symptômes surviennent généralement à l’adolescence, se développent progressivement et peuvent être :
- un pied plat douloureux et contracté ;
- des pseudo-entorses à répétition ;
- une douleur brutale du pied lors d’un effort physique ou d’un traumatisme (rupture de la synostose) ;
- une perte de mobilité des articulations du pied.
Le traitement des synostoses dépend des symptômes du patient : il peut s'agir d'un traitement conservateur dans les formes mineures avec :
- une mise au repos ;
- des séances de physiothérapie ;
- un traitement anti-inflammatoire par voie locale et/ou générale ;
- une adaptation des chaussures et/ou le port de semelles orthopédiques ;
- un strapping (immobilisation par une bande) voire une immobilisation par un plâtre.
Un traitement chirurgical dans les formes sévères peut être envisagé, suivie d’une mobilisation précoce :
- une résection de la synostose (le chirurgien enlève le pont osseux) ;
- une arthrodèse (blocage des articulations lésées en créant des fusions osseuses).
Tarse bossu
Certaines personnes peuvent souffrir d’un tarse bossu. Lorsque le pied est cambré, le coup de pied peut présenter une sorte de bosse, correspondant à une hypertrophie osseuse de l’articulation entre le premier cunéiforme et le premier métatarsien. Une coque se développe autour de cette bosse. Cette coque peut parfois être le siège d’une réaction inflammatoire et provoquer des crises douloureuses.
Généralement, le tarse bossu gêne le chaussage surtout des bottes. Lors des crises inflammatoires, la bosse peut être très douloureuse, gonflée et rouge.
Pour traiter le tarse bossu, des semelles orthopédiques sont prescrites ainsi que des pansements de protection de la coque. Des ponctions et des infiltrations de corticoïdes au niveau de la coque sont également possibles. En cas d’échec, un traitement chirurgical est envisagé.
Pathologies traumatiques du tarse
Arthrose du tarse
Comme pour toutes les articulations du corps humain, le tarse et ses articulations peuvent être le siège d’un phénomène d’arthrose. En général, elle touche préférentiellement l’articulation de Lisfranc et la cheville. L’arthrose survient spontanément ou fait suite à un traumatisme, une fracture ou une entorse.
Dans les formes mineures bien tolérées par le patient, des semelles orthopédiques peuvent soulager les douleurs en réduisant les sollicitations de l’articulation touchée. Des séances de kinésithérapie ou des injections de corticoïdes ou d’acide hyaluronique peuvent également être prescrites.
On peut aussi recourir à l’hydrotomie percutanée, une technique à la fois détoxifiante et régénérante. Elle consiste à injecter de l'eau de mer additionnée d'un chélateur, de magnésium, de vitamines et de minéraux à quelques millimètres sous la peau au niveau de l'articulation douloureuse. L’hydrotomie est à faire pratiquer une fois par semaine (voire plus) pendant 6 semaines par un professionnel de santé (médecin ou un·e infirmier·e) puis de façon plus espacée. Cette technique qui ne présente aucun effet secondaire améliore considérablement l'arthrose dans 80 % des cas et elle peut sans risque être associée à d'autres traitements.
Dans les formes sévères, une arthrodèse peut être effectuée, voire une prothèse de cheville, mais cette intervention reste rare et limitée à quelques cas particuliers.
Syndrome du sinus du tarse
Le sinus du tarse est une espèce de petit entonnoir qui divise en deux parties l’articulation sous-astragalienne. Le syndrome du sinus du tarse correspond à des douleurs persistantes au niveau du pied associées à une douleur provoquée par la palpation du sinus du tarse.
Les douleurs du syndrome du sinus du tarse apparaissent consécutivement à un effort physique, un traumatisme, une entorse ou une fracture. Les douleurs s’accompagnent d’une instabilité du pied et de brûlures dans le pied. Parfois, des lésions ligamentaires ou osseuses sont mises en évidence, mais elles ne sont pas systématiques.
Le traitement repose sur des injections d’anesthésiques locaux et de corticoïdes au niveau du sinus du tarse. En cas d’échec des infiltrations, un traitement chirurgical s’impose pour nettoyer le contenu du sinus du tarse.
Ostéochondroses
Les ostéochondroses regroupent plusieurs pathologies du tarse :
- l’ostéochondrite de l’astragale ;
- la maladie de Kohler-Mouchet ;
- la maladie de Sever.
L’ostéochondrite de l’astragale résulte de microtraumatismes répétés au niveau du sommet de l’astragale (sols durs, mauvais appuis plantaires, chaussures inadaptées). Elle survient souvent chez les adolescents ou les jeunes adultes et se matérialise par des troubles de la marche. Une immobilisation est indispensable avec ou sans plâtre pendant quelques semaines, avant une rééducation à la marche avec des semelles orthopédiques. Des séances de kinésithérapie sont également prescrites. Le délai de guérison est long et dépasse souvent 1 an.
La maladie de Kohler-Mouchet correspond à une ostéonécrose (altération irréversible du tissu osseux) au niveau du scaphoïde, à la suite de traumatismes répétés et/ou d’anomalies morphologiques du pied. L’immobilisation est nécessaire pendant plusieurs semaines. Le traitement comprend ensuite des séances de kinésithérapie et des semelles orthopédiques.
La maladie de Sever est une apophysite de croissance (inflammation d'une protubérance osseuse) au niveau du calcanéum. Elle se manifeste à l’adolescence par des douleurs au talon. Le traitement repose sur la cryothérapie (traitement par le froid) et le port de semelles d’absorption des chocs.
Entorses du tarse
Les entorses du tarse sont majoritairement représentées par les entorses de la cheville. Les entorses peuvent également concerner l’articulation sous-astragalienne, l’articulation de Lisfranc, l’articulation de Chopart.Elles correspondent à un phénomène de torsion de l’articulation suite à un traumatisme ou un mauvais mouvement répété. Selon l’orientation du mouvement de torsion, les entorses sont dites externes ou internes.
Après traitement de la douleur et de l’inflammation avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens, le traitement est basé sur trois techniques : le strapping, l’immobilisation par un plâtre, la chirurgie qui est réservée aux entorses graves avec des résultats souvent médiocres.
Des séances de kinésithérapie sont également prescrites pour rééduquer la cheville. La cryothérapie est parfois indiquée notamment chez les sportifs.
Fractures du tarse
Les fractures du tarse peuvent concerner tous les os du tarse, mais les os les plus volumineux sont les plus concernés par les fractures. Les fractures peuvent être des fractures traumatiques ou des fractures de fatigue (en cas de pratique sportive intensive).
La fracture du calcanéum est rare, sauf en hand-ball. Elle provoque une impotence totale du pied. Les fractures du scaphoïde sont généralement des fractures de fatigue, chez des personnes souffrant d’anomalies morphologiques du pied.
Le traitement des fractures repose sur plusieurs aspects :
- la réduction de la fracture adaptée à la fracture (type de fracture, importance de la fracture) ;
- un traitement chirurgical si la fracture ne peut pas être réduite ;
- une immobilisation par un plâtre ;
- des séances de kinésithérapie.
Pathologies tendineuses du tarse
Le tarse comprend un certain nombre de tendons qui peuvent être affectés par des pathologies spécifiques :
- Les tendinites, notamment la tendinite basse du jambier antérieur ou la tendinite ou ténosynovite du fléchisseur du gros orteil, peuvent toucher les sportifs. Douloureuses, ces tendinites se traitent par des séances d’ultrasons ou de cryothérapie.
- La maladie de Haglund ou bursite talonnière survient chez l’adolescent, suite à des frottements entre le calcanéum et les chaussures de sport. L’adaptation des chaussures peut suffire dans certains cas, en association ou non avec des séances d’ionisation. Dans les formes sévères, un traitement chirurgical peut être nécessaire.
Pathologies neurologiques du tarse
Le tarse peut également être touché par des pathologies neurologiques :
- La compression du nerf calcanéen situé au niveau du talon peut résulter de l’utilisation de chaussures non adaptées ou d’un calcaneus valgus. La douleur irradie sur tout le trajet du nerf comprimé. Un traitement anti-inflammatoire, des semelles correctrices et l’utilisation de chaussures adaptées permettent de traiter cette pathologie.
- Le syndrome du canal du tarse est une atteinte des nerfs plantaires consécutive à des microtraumatismes. Ce syndrome résulte soit d’anomalies morphologiques du pied, soit d’une entorse compliquée. Les douleurs neurologiques (fourmillements, décharges électriques) se manifestent au niveau de la partie interne de la plante des pieds. Une semelle orthopédique accompagnée ou non de séances de kinésithérapie constitue le traitement courant. Chez l’adulte, une chirurgie peut être nécessaire dans certains cas.