Une ostéite est une inflammation osseuse due à une infection (-ite). Les ostéites ont une origine essentiellement bactérienne, la contamination s’effectuant soit par voie sanguine ou hématogène (on parle plus volontiers d’ostéomyélite dans ce cas car la moelle osseuse est généralement impliquée) surtout chez l’enfant (et plus souvent en Afrique qu’en Europe), soit par inoculation directe : plaie ouverte ou ulcère, fracture ouverte, intervention chirurgicale au niveau d’un os ou mise en place d’une prothèse (ou d’un matériel d’ostéosynthèse). Grâce à cet article, apprenons-en davantage sur l’ostéite, ses facteurs de risques, ses symptômes, ses risques de complication et les traitements qui existent.
Causes et facteurs de risques de l’ostéite
L’ostéite est une inflammation qui se développe principalement au niveau de la métaphyse (partie centrale) des os longs. Les facteurs favorisant une ostéite sont :
- la présence d’une fracture ouverte ;
- une défaillance immunitaire ;
- la pose de matériel orthopédique ;
- la drépanocytose qui multiplie par 100 le risque de développer une ostéomyélite (ostéite contractée par voie sanguine) ;
- un cancer des os.
Les bactéries les plus fréquemment impliquées dans les ostéites sont :
- le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) qui est retrouvé dans plus de 60 % des cas ;
- la Kingella kingae dans 48 % des cas ;
- le Staphylococcus epidermidis ;
- les streptocoques ;
- l’Escherichia coli ;
- le bacille tuberculeux.
Néanmoins, on ne parvient à identifier aucun germe dans environ 15 % des cas. En cas d’infection par voie hématogène, l’ostéite apparaît lorsque la réaction immunitaire provoque l’occlusion d’un vaisseau destiné à vasculariser l’os. Cela entraîne une nécrose osseuse qui va, à son tour, favoriser la diffusion de l’infection.
Les séquestres sont des morceaux de tissu osseux nécrosé car non vascularisé. Ils favorisent la persistance de l’infection et augmentent les risques de rechute.
Bon à savoir : l’ostéite se distingue de l’arthrite par le fait que l’infection ne touche pas d’articulation mais l’os uniquement.
Symptômes de l’ostéite
L’ostéite se traduit par un syndrome infectieux avec une fièvre élevée (39 à 40°C), des frissons, des maux de tête ainsi que de vives douleurs musculaires et osseuses localisées au niveau de la zone touchée (souvent la cuisse) et battantes, pulsatiles.
En cas d’ostéite hématogène, on retrouve également des signes inflammatoires locaux et une altération de l’état général. Ces symptômes constituent à eux seuls des éléments représentant une urgence médicale (entre autres pour éviter le passage à la phase chronique).
Bon à savoir : les ostéites chroniquessont moins faciles à repérer car les douleurs évoluent par poussées entrecoupées de périodes sans symptôme. On peut les diagnostiquer lorsqu’on retrouve une douleur à la pression de l’os, ou plus tard, à l’apparition des complications (abcès, fistulisation).
Examens médicaux
Les examens sanguins révéleront une vitesse de sédimentation augmentée (ce qui plaide en faveur d’une inflammation) et une CRP élevée.
L’IRM est un examen de choix puisqu’elle permet de montrer des signes d’inflammation beaucoup plus tôt que la radiographie ou le scanner, tout en donnant à voir les éventuels abcès des parties molles.
Les radiographies permettront de retrouver des anomalies osseuse à partir de la troisième ou quatrième semaine d’évolution.
Comparativement à la radiographie, la scintigraphie osseuse ne donnera pas d’image aussi précise. En revanche, elle permettra d’obtenir des résultats orientant vers le diagnostic d’ostéite bien avant que n’apparaissent les premiers signes radiographiques.
Le scanner peut être utile pour réaliser une étude précise de l’os et pour visualiser les abcès des parties molles.
Afin d’identifier le germe pathogène responsable, il faut pratiquer une biopsie osseuse (ou la ponction d’un abcès) suivie d’une étude bactériologique.
Ostéite : évolution et complications
Évolution naturelle des ostéites
L’ostéite doit rapidement être traitée pour éviter qu’elle ne se transforme en abcès :
- abcès sous-périosté d’abord (abcès situé sous le périoste, c’est-à-dire sous la membrane qui recouvre l’os) ;
- abcès sous-cutané ensuite (abcès placé juste sous la peau).
Si rien n’est fait, elle va continuer à s’aggraver pour finir par constituer une fistule, la plaie s’ouvrant vers l’extérieur et entraînant un écoulement de pus. Au stade final, des séquestres (morceaux d’os nécrosés) peuvent être rejetés et s’évacuer via la fistule.
Complications possibles d’une ostéite
L’ostéite est une inflammation grave qui peut entraîner des complications qu’il ne faut pas prendre à la légère (la fistulisation favorise une contamination polymicrobienne). Les principales sont :
- l’apparition de nouveaux foyers infectieux avec des risques d’endocardite ;
- une propagation de l’infection menant à une arthrite infectieuse (attention, on peut avoir des douleurs articulaires sans infection, la douleur articulaire pouvant être purement réactionnelle à une inflammation osseuse proche) ;
- l’apparition d’une septicémie ;
- la constitution d’abcès, notamment au niveau des poumons et du cerveau ;
- la chronicisation d’une ostéite aiguë.
Bon à savoir : l’ostéite ne met en jeu le pronostic vital que si l’infection ne parvient pas à être maîtrisée.
Traitement des ostéites
Le traitement d’une ostéite doit être entrepris le plus rapidement possible, dès que le diagnostic a été posé. Si cela est fait, la guérison est complète et ne laisse aucune séquelle. Il repose habituellement sur :
- Le traitement antibactérien avec des antibiotiques (un traitement généraliste puis adapté au germe identifié dans un second temps) tels que la rifampicine, les fluoroquinolones, l’acide fusidique, la clindamycine ou le métronidazole.
- Le cas échéant, une intervention chirurgicale destinée : soit à drainer l’abcès s’il existe, soit à ôter la partie infectée de l'os de façon à ne laisser qu'un os sain ou bien à retirer une prothèse si c’est à son niveau que l’infection se développe.
En dernier recours, si la destruction de l’os a été particulièrement importante, on peut proposer de réaliser une greffe.
Bon à savoir : les prothèses de hanche ou les prothèses valvulaires peuvent compliquer le traitement en constituant un point d'ancrage pour les bactéries.