Arrachement osseux

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douleur-cheville 123RF / Wavebreak Media Ltd

Lors d'un choc particulièrement violent, un ligament peut s'arracher et parfois emporter avec lui un petit morceau d'os. Cela survient notamment en cas d'entorse et s'accompagne de douleurs particulièrement violentes. Cet article vous en dit davantage sur les arrachements osseux.

Qu'est-ce qu'un arrachement osseux ?

En cas de trauma violent, la contrainte exercée sur une articulation peut se traduire par diverses lésions. Celles-ci s’échelonnent de l’entorse bénigne à l’entorse grave en passant par l’entorse moyenne.

Dans les cas où le ligament est suffisamment solide pour rester inséré sur l’os, il est susceptible d’entraîner un arrachement osseux, c’est-à-dire une fracture de l’os, ce qui témoigne de la violence du choc.

Ce type de lésions peut s’observer notamment au niveau de la cheville avec un possible arrachement de la malléole, du talus (au football, au tennis, etc.). Ce type de lésion peut également se retrouver au niveau des doigts dans des sports susceptibles de retourner la phalange (handball, basket, rugby, etc.).

Bon à savoir : Il faut distinguer l’arrachement osseux (qui désigne la désinsertion d’un ligament) de la facture proprement dite. Il y a fracture lorsque les fragments osseux sont relativement importants.

 

Symptômes

Les arrachements osseux surviennent en cas d’entorse grave et ils se traduisent par une douleur articulaire très vive. Un craquement peut se faire entendre.

Immédiatement après, la douleur articulaire augmentera dès qu’on cherchera à mobiliser l’articulation.

Un œdème fait ensuite rapidement son apparition, généralement accompagné d’un volumineux hématome.

Laxité ligamentaire et arrachement osseux

La laxité est une condition qui peut contribuer à la survenue d'un arrachement osseux. Elle se caractérise par une hypermobilité des articulations, due à des ligaments trop lâches ou élastiques. Les articulations les plus souvent touchées sont celles de :

  • la hanche : elle peut être engendrée par une dysplasie de la hanche ;
  • le genou ;
  • la cheville ;
  • le pied.

Face à des laxités ligamentaires, un trauma mineur peut entraîner une entorse interne grave avec arrachement osseux. Par exemple, une entorse de la cheville peut arracher un morceau de la malléole (la malléole est l'os saillant interne de la cheville).

Bon à savoir : Le diagnostic des laxités ligamentaires et repose sur l'observation de l'instabilité articulaire et des symptômes du patient. L'examen clinique peut montrer une hypermobilité de la hanche, du genou, de la cheville ou du pied.

Diagnostic

L’analyse externe de la douleur

Le diagnostic repose tout d’abord sur les circonstances d’apparition de la douleur : c’est l’analyse externe.

En effet, lors de son anamnèse et de son examen clinique, le chirurgien pourra assez aisément diagnostiquer une entorse grave :

  • le patient évoquera un trauma violent avec une sensation de déboîtement, et la perception d’un craquement (attention, l’intensité de la douleur est sans rapport direct avec la sévérité de l’entorse) ;
  • le médecin observera un volumineux hématome sous-cutané (son apparition est immédiate après le traumatisme) ;
  • lors de la compression des zones lésées, de violentes douleurs sont reproduites, évocatrices d’un arrachement osseux.

L’examen interne

Le diagnostic est surtout clinique.

Pour confirmer ses hypothèses, le médecin devra donc prescrire une radiographie qui permettra bien souvent de repérer la fracture et l’arrachement. Si le fragment est déplacé, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Le chirurgien peut alors réimplanter les fragments pour refermer la fracture.

Dans les rares cas où un doute persiste, il est possible de compléter le diagnostic avec un scanner.

Exemple : en cas d’entorse de cheville, la radiographie devra être réalisée de face, de profil et de ¾, notamment à la recherche d’un arrachement osseux de la base du 5e métatarse.

Arrachement osseux : quels traitements ?

La prise en charge, immédiatement après le traumatisme, est la même quel que soit le type d’entorse. La réponse au traumatisme consistera à :

  • mettre l’articulation au repos pour éviter l’aggravation des lésions et soulager la douleur ;
  • la surélever (notamment si elle concerne les membres inférieurs) pour minimiser le gonflement ;
  • la compresser avec une bande élastique et y appliquer une poche de glace pour réduire l’hématome.

Arrachement osseux sans déplacement

Si le fragment osseux n'est pas déplacé, la lésion est assimilée à une entorse moyenne. Le traitement dépend alors de la gravité de l'entorse.

En général, pour les entorses moins graves, une botte de marche est utilisée pour immobiliser l'articulation et faciliter la réparation.

Une rééducation est aussi généralement nécessaire après la guérison de la lésion, pour renforcer les muscles et les ligaments et prévenir une nouvelle entorse.

Quoi qu’il en soit, le traitement impose une immobilisation d’au moins 3 semaines, généralement avec une attelle :

  • Dans les formes les plus sévères d’entorse de cheville, une immobilisation dans une botte-orthèse à 90° sera envisagée pendant 45 jours avec des anticoagulants pour éviter une phlébite.
  • En cas d’entorse des doigts, une attelle segmentaire sera utilisée pendant une dizaine de jours ; elle sera ensuite retirée et le doigt touché sera solidarisé avec les doigts voisins (syndactylie) afin de protéger et de rééduquer le doigt atteint (pendant 15 jours puis pendant un mois uniquement au cours des activités sportives).

Pour soulager les maux, un traitement anti-inflammatoire et antalgique (paracétamol) peut être prescrit.

Bon à savoir : Les ligaments rompus doivent être protégés pendant la période de cicatrisation qui dure entre 3 et 6 semaines.

Arrachement osseux avec déplacement

Dans certains cas, le ligament arraché peut être réparé par une suture ou une greffe de ligaments. Si le ligament est trop endommagé, une reconstruction peut être envisagée. Cette chirurgie est souvent pratiquée sur un ligament croisé antérieur du genou.

Ainsi, en cas d'arrachement osseux ayant entraîné le déplacement d’un fragment d’os, il s'agit d'une entorse grave qui peut nécessiter une intervention chirurgicale et une immobilisation à l’aide d’un plâtre.

Bon à savoir : Les interventions chirurgicales restent néanmoins exceptionnelles et sont réservées aux articulations extrêmement instables ou enraidies.

Kinésithérapie après un arrachement osseux

Il est normal de constater une instabilité de la personne pour se tenir sur son pied ou sur le membre concerné par l’intervention. Une rééducation (de trois mois en moyenne) est alors nécessaire après l’immobilisation afin de permettre à l’articulation lésée de retrouver une mobilité normale.

Elle est nécessaire même si elle provoque des douleurs car elle permet de renforcer la musculature, atrophiée suite à l’immobilisation prolongée, et de limiter les risques de récidive :

  • En cas d’entorse de cheville ayant entraîné un arrachement osseux, un travail de proprioception est essentiel.
  • En cas de trauma au niveau des doigts, la rééducation vise à lutter contre la raideur provoquée par l’immobilisation prolongée des doigts mais aussi à récupérer le maximum d’amplitude de l’articulation avant que des adhérences articulaires ne se forment et qu’elles empêchent d’allonger complètement les doigts concernés.

Si la prise en charge est correctement réalisée, l’entorse ayant entraîné un arrachement osseux ne doit pas laisser de séquelles fonctionnelles. Il est toutefois possible que des douleurs ressurgissent en fonction des conditions climatiques (les entorses à répétition peuvent générer de l'arthrose).

Bon à savoir : en cas d’entorse du doigt, la reprise des sports de ballon peut intervenir après 6 semaines en prenant soin de protéger le doigt (avec un strapping par exemple).

Dans tous les cas, la reprise du sport doit être progressive et surveillée, pour éviter une rechute. Un appui progressif sur l'articulation est recommandé, en commençant par des mouvements doux et en augmentant la charge graduellement. En effet, un appui excessif ou une charge trop rapide sur le pied ou le membre concerné peut compromettre l'intégrité de la réparation chirurgicale.

En conclusion :

  • Un arrachement osseux est une lésion grave qui nécessite une réponse adaptée et une rééducation. En fonction de sa gravité, une chirurgie peut s’avérer nécessaire.
  • Selon que l’arrachement se soit produit avec ou sans déplacement osseux, une suture ou une greffe peut s’imposer.
  • Une laxité ligamentaire peut être un facteur de risque d'arrachement osseux et doit être prise en compte dans le traitement du patient.
  • Le diagnostic des arrachements osseux se fait par un chirurgien suite à une radiographie, un IRM, ou un scanner.
  • Après la chirurgie ou le traitement appliqué, la marche ou le sport doivent être surveillés. En effet, une marche excessive ou un sport soutenu peut aggraver le mal et réduire à néant le processus de guérison.

 

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