
Reconnu premier trouble musculo-squelettique en France, le syndrome du canal carpien touche environ 11 % des femmes et 3,5 % des hommes essentiellement chez des personnes de plus de 50 ans). Il entraîne quelques 150 000 interventions chirurgicales chaque année.
Cherchons à mieux comprendre cette affection relativement fréquente et les solutions pour la traiter.
Syndrome du canal carpien : définition et symptômes
Le canal carpien est situé sur la face antérieure du poignet. Il contient le nerf médian et les tendons fléchisseurs.
Bon à savoir : le nerf médian assure la sensibilité (température, douleur, transpiration, toucher) et la motricité du pouce, de l'index et du majeur en acheminant différents signaux vers le cerveau.
Qu'est-ce que le syndrome du canal carpien ?
Le canal carpien est un espace réduit. Aussi, dès que les tendons ou les ligaments enflent – par exemple à la suite d'une inflammation – ou que le diamètre du canal carpien diminue (appui sur une surface, mouvements en hyper-extension), cela crée une compression du nerf médian.
Cette compression est à l'origine de différents symptômes (engourdissements, perte de force musculaire) qui sont appelés « syndrome du canal carpien ».
Remarque : il peut également y avoir une origine anatomique, si des anomalies osseuses réduisent le tunnel du canal carpien.
Quels sont les symptômes du syndrome du canal carpien ?
Assez classiquement, le syndrome du canal carpien se manifeste par :
- des fourmillements dans les doigts (paresthésies) ;
- des engourdissements ou picotements ;
- une perte de force musculaire (notamment le pouce, l'index, le majeur et une partie de l'annulaire), qui peut entraîner une atrophie musculaire ;
- une douleur au poignet, à la paume ;
- des décharges électriques ;
- une sensation de doigts gonflés.
Remarque : ces symptômes sont souvent accentués la nuit et lors d'une activité qui requiert l'utilisation du poignet, chez les femmes. Dans plus de la moitié des cas, le syndrome du canal carpien est bilatéral.
Causes et diagnostic du syndrome du canal carpien
Causes
Dans plus de 60 % des cas, le syndrome du canal carpien est idiopathique, c'est à dire sans cause précise. De plus, dans environ un tiers des cas, il disparaîtra sans traitement spécifique.
Cependant, on peut relever différents facteurs pouvant causer un syndrome du canal carpien :
- Les femmes sont trois fois plus touchées que les hommes. Outre une physiologie de poignet et donc de canal carpien plus étroit pouvant expliquer un syndrome de canal carpien, il existe des facteurs hormonaux d'apparition. En effet, on rencontre plus de cas lors des grossesses ou de la ménopause.
- Certaines maladies métaboliques telles que le diabète, l’arthrite rhumatoïde ou l'hypothyroïdie peuvent engendrer un syndrome du canal carpien avec perte de sensibilité de la majeure partie de la paume si elles ne sont pas correctement traitées.
- Les blessures au poignet peuvent également déclencher un syndrome du canal carpien. De plus, certaines professions ou loisirs, en sollicitant le poignet à la fois trop ou sous des stimulations particulières (vibrations, force, postures) peuvent engendrer un syndrome du canal carpien.
- Des maladies inflammatoires ou infectieuses, des maladies ou anomalies osseuses, des tumeurs exceptionnelles et une insuffisance rénale peuvent également être à l'origine d'un syndrome du canal carpien.
Remarque : pour le moment, on ne sait pas si le travail sur ordinateur peut déclencher un syndrome du canal carpien. Cependant, différents organismes ont publié des pratiques de « bonnes méthodes de travail » ainsi que des outils (souris d'ordinateur verticale par exemple) visant à prévenir l'apparition de ce syndrome.
Diagnostic
En premier lieu, le diagnostic s'établit à l'examen clinique, qui s'oriente avec différents tests mobilisant le poignet dans différentes situations, en le percutant.
Tous ces tests servent à déclencher éventuellement un symptôme caractéristique : engourdissement, picotement, perte de force musculaire… pour poser le diagnostic.
En cas de doute, il est possible de réaliser un électromyogramme, examen réalisé par un neurologue qui étudie nerfs et muscles.
Plus rarement, on effectuera une IRM ou une échographie, notamment en cas de récidive ou si un traitement chirurgical a eu lieu.
Traitements et évolution du syndrome du canal carpien
Dans un tiers des cas, il n'y aura pas besoin de traitement médical ou chirurgical : le syndrome du canal carpien disparaîtra de lui-même.
Bon à savoir : il existe des souris et des claviers d’ordinateur ergonomiques qui peuvent grandement limiter les sollicitations mécaniques en maintenant les articulations au plus proche de leurs axes physiologiques.
Le traitement doit être rapide, afin d'éviter que le nerf ne soit lésé de façon irrémédiable.
Traitement médical
En cas de gêne persistante, on peut tout d'abord envisager un traitement médical :
- une attelle de repos, à porter majoritairement la nuit ;
- des infiltrations de corticoïdes au niveau du poignet (classiquement ,on ne dépasse pas 3 infiltrations par poignet car il y a, entre autres, un risque d'accoutumance) ;
- les autres traitements médicamenteux tels que les anti-inflammatoires (type ibuprofène) sont assez peu efficaces.
Ces traitements peuvent être entrepris afin d'éviter une lésion irréversible du nerf médian via un syndrome du canal carpien. Malheureusement, il existe des possibilités de récidives.
Traitement chirurgical
En cas de forme sévère (quand les douleurs commencent à avoir un impact important sur la qualité du sommeil ou deviennent invalidantes au quotidien) ou d'échec thérapeutique, on peut effectuer une intervention chirurgicale. Elle consiste à libérer le nerf médian des structures qui le compriment en sectionnant le ligament annulaire qui le maintient.
L’opération du canal carpien est une des plus simples et donc une des plus pratiquées (143 744 interventions en 2014). Pourtant il faut faire attention à ce qu’elle ne devienne pas systématique : elle ne doit être proposée qu’en cas de troubles neurologiques de la sensibilité et de la motricité et si les traitements médicaux n’ont donné aucun résultat.
Remarque : en cas d'intervention chirurgicale il faudra ensuite du repos, souvent couplée avec une rééducation.
Les récidives restent fréquentes dans les mois qui suivent et il n'est pas rare qu’une personne opérée d’un côté doive entreprendre la même intervention de l’autre côté.
Approches complémentaires
Avant d’en arriver à la chirurgie, il peut également être intéressant d’essayer des approches complémentaires telles que :
- Les ultrasons et l'électrothérapie, généralement pratiqués par les kinésithérapeutes :
- Les ultrasons utilisent des ondes sonores à haute fréquence pour stimuler la circulation sanguine et favoriser la guérison des tissus, les études montrent qu'ils peuvent améliorer la fonction et réduire la douleur.
- L’électrothérapie comprend diverses techniques utilisant des courants électriques pour soulager la douleur et améliorer la fonction. La stimulation électrique transcutanée des nerfs (TENS avec des courants de faible intensité pour stimuler les nerfs) et l’électrostimulation musculaire (pour renforcer les muscles et prévenir l'atrophie) sont deux exemples d’électrothérapie qui peuvent être bénéfiques.
- Les kinésithérapeutes peuvent aussi proposer des exercices de rééducation incluant étirements et renforcement (muscles et endurance en utilisant par exemple des pinces à ressort ou des balles de thérapie) aussi bien pour gérer que pour prévenir le syndrome du canal carpien.
- L'hydrothérapie avec l’application en alternance de chaud et de froid sur le poignet pour réduire l’inflammation, favoriser la circulation sanguine et soulager la douleur.
- L’acupuncture aide à rétablir l'équilibre énergétique et à soulager la douleur.
- L’ostéopathie et la fasciathérapie.
- La phytothérapie avec des plantes médicinales comme le curcuma, le gingembre et l’harpagophytum (aux propriétés anti-inflammatoires et analgésiques).
- La naturopathie avec des suppléments alimentaires comme la vitamine B6 et les acides gras oméga-3 peuvent également contribuer à améliorer les symptômes en soutenant la santé nerveuse et en réduisant l’inflammation.
Pour en savoir plus :
- Les troubles musculo-squelettiques (ou TMS) ne sont pas une pathologie à proprement parler, mais un ensemble de maladies dont les douleurs musculaires.
- Les gants anti-vibrations, un accessoire indispensable pour éviter aux professionnels exposés les troubles musculo-squelettiques (TMS).
- L'acupuncture peut aider à soigner certains troubles des os et articulations : elle se révèle en effet efficace pour soigner une tendinite, une sciatique ou encore pour améliorer la douleur liée à l'arthrose... Acupuncture et tendinite : on fait le point.