Les ruptures méniscales sont des lésions du genou qui sont très fréquentes. Toutefois, toutes ne sont pas à opérer et il arrive qu’une simple prise en charge médicale, si elle est adaptée, suffise. Cette dernière est même à privilégier dans la mesure où l'opération du ménisque n’est pas jugée indispensable ou tout du moins préférable. Mais apprenons-en davantage sur le traitement des ruptures du ménisque.
Opération du ménisque : quand opère-t-on ?
Les ruptures méniscales survenant chez un patient jeune, notamment à l’occasion d’un traumatisme sportif, et responsables de violentes douleurs sont à opérer. En revanche, les déchirures du ménisque qui sont dégénératives, chez un sujet de plus de 45 ans, et qui surviennent soit spontanément soit après un faible traumatisme et avec des douleurs intermittentes (davantage ressenties comme une gêne) ne sont pas à opérer.
Chez les seconds, un traitement médical et une surveillance médicale avec mise au repos sont préférables, dans un premier temps tout du moins, tant que les lésions sont peu douloureuses et s’il n’y a pas de blocage du genou.
Rupture du ménisque : traitement
Traitement médicamenteux
Le traitement médicamenteux repose sur la prescription d'antalgiques (type paracétamol), d'AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) tels que l’ibuprofène ou le kétoprofène, de médicaments destinés à protéger le cartilage articulaire, d'une pommade anti-inflammatoire et le cas échéant une infiltration de cortisone.
Attention toutefois, selon une étude, la prise d'AINS en cas d’arthrose augmenterait de 41 % le risque de développer une maladie cardiovasculaire, de 56 % le risque de cardiopathie ischémique et de 64 % le risque d'AVC. Il est donc fortement conseillé de privilégier les traitements de durée brève et seulement si les symptômes sont trop invalidants.
À noter : depuis le 15 janvier 2020, les médicaments contenant du paracétamol et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène et aspirine), bien que toujours disponibles sans ordonnance, ne peuvent plus être présentés en libre accès dans les pharmacies (décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé du 17 décembre 2019 modifiant la liste mentionnée à l’article R. 5121-202 du Code de la santé publique).
Traitement non-médicamenteux
En parallèle ou à la place de ces médicaments, il est possible d’avoir recours à :
- l’arrêt de l’activité en cours ;
- la mise en place quotidienne (voire toutes les 4 heures) de glace sur le genou (en prenant soin d’interposer un linge entre la glace et la peau pour éviter une brûlure) pour soulager les douleurs ;
- une surélévation de la jambe en cas de gonflement ;
- la kinésithérapie ;
- des semelles permettant d’amortir les chocs au cours de la marche et/ou une immobilisation avec une attelle ;
- l’évitement des traumatismes en supprimant (temporairement en tout cas) la course à pied, les sauts et les positions accroupies.
En cas d’amélioration on met en place une surveillance pendant plusieurs semaines. En l’absence d’amélioration (voire d’aggravation), on peut envisager une intervention chirurgicale.
Rupture du ménisque : traitement chirurgical
Toutes les ruptures du ménisque ne sont pas nécessairement à opérer. En effet, l’ablation du ménisque fait courir un risque d’arthrose prématurée. C’est pourquoi, dans la mesure du possible, le chirurgien s’assurera avant d’opérer qu’il n’existe pas d’autre solution pour soulager les douleurs du patient.
Bon à savoir : les méniscectomies externes, quoique moins fréquentes, sont plus souvent responsables d’une arthrose du genou.
Chirurgie mini-invasive
Si l’opération est décidée, elle est réalisée sous arthroscopie. Il s’agit d’une chirurgie mini-invasive (réalisée en ambulatoire) consistant à ôter le débris méniscal ou la partie du ménisque qui est lésée sans toucher à la partie saine (méniscectomie partielle).
Cette intervention permet une cicatrisation et une récupération fonctionnelle rapides avec moins de complications (notamment infectieuses) qu’avec les anciennes approches chirurgicales. Les douleurs diminueront ensuite progressivement en quelques jours voire quelques semaines.
À noter qu’en cas de rupture ligamentaire associée, il est indispensable de reconstruire le ligament en essayant de conserver le plus possible le ménisque en le suturant.
Bon à savoir : il est possible de procéder à la suture d’une rupture méniscale chez les patients âgés de moins de 30 ans (25 ans maximum dans l’idéal) s’il n’y a pas de rupture ligamentaire, si le ménisque ne présente que de très rares lésions et uniquement si elles sont périphériques (zones les mieux vascularisées et dont la cicatrisation est plus facile).
Suite à l’opération
Le patient peut remarcher le jour même et la reprise de la conduite et d’un travail sédentaire seront possibles après quelques jours. En revanche, il faut patienter environ 2 mois après l’intervention avant de pouvoir reprendre des activités telles que la course à pied, les sauts ou les accroupissements. Ce temps est nécessaire pour que le ménisque restant puisse cicatriser et que l’articulation renouvelle le liquide synovial.
En revanche, en cas de réparation méniscale, il est recommandé de prendre appui avec précaution pendant environ 6 semaines et d’éviter de s’accroupir pendant 3 mois. De même, la reprise des activités sportives ne doit intervenir qu’après 4 mois.
Soins post-opératoires
Un-e infirmièr-e passera à domicile pour réaliser les soins de la cicatrice. Les fils des points de suture sont retirés au bout de 15 jours.
Il faut procéder à des injections d’anti-coagulants chaque jour pendant une dizaine de jours (afin de prévenir une phlébite). Le cas échéant, des séances de kinésithérapie peuvent être programmées afin de faciliter la récupération de la mobilité du genou et de restaurer la force musculaire.
Des médicaments antalgiques et anti-inflammatoires sont prescrits.
Un glaçage du genou peut être recommandé pendant quelques semaines.
Si le chirurgien a constaté la présence d’arthrose ou des lésions du cartilage articulaire, il peut préconiser une visco-supplémentation consistant à injecter de l’acide hyaluronique dans le genou. Une surveillance annuelle du patient est instaurée pour suivre l’évolution.
De même, les injections de plasma riche en plaquettes (PRP) peuvent d'une part faciliter la cicatrisation du ménisque après l'opération, et d'autre part stimuler la prolifération des cellules-souches qui se spécialisent en cartilage et en tissu osseux. Ainsi, en cas d'arthrose, les injections de PRP permettent de ralentir la progression de la maladie, de diminuer la douleur et l’inflammation et d’améliorer la mobilité et la fonction et elles seraient plus efficaces que les injections d’acide hyaluronique.